Une revue de la situation patrimoniale passée et présente du Pic du Midi et des projets.

Si on regarde la carte du monde des publications en astrophysique, un continent semble quasiment absent: l'Afrique. Afin de rendre la recherche dans notre domaine plus riche et plus inclusive, il est important de ne pas laisser un continent entier derrière. Depuis plusieurs années, des collaborations de recherche, de formation, d’éducation et de diffusion en astronomie se construisent entre collègues africains et français, notamment dans des pays sans observatoires professionnels, comme le Sénégal, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire par exemple. 

Nous présenterons ici quelques projets comme l'Initiative Africaine pour les Sciences des Planètes et de l’Espace, les projets RISE 5A et Materna, deux campagnes d’occultations stellaires au Sénégal et le lancement du premier magazine de vulgarisation scientifique sur l’astronomie en Afrique francophone. Ces projets s'inscrivent dans une démarche de co-construction avec nos collègues africains et ont pour objectif d'aider au développement de cursus universitaires et de groupes de recherche pérennes.

L’observatoire de Toulouse, installé sur les collines de Jolimont, à l’extérieur de la ville, à la fin des années 1840, voit peu à peu l’urbanisme s’approcher de ses murs. Les astronomes mettent alors en œuvre des stratégies pour limiter l’empiètement urbain. Il s’agit d’abord de préserver le dégagement de la ligne méridienne, de permettre la poursuite des recherches. Les observateurs dénoncent également l’anarchisme de l’étalement urbain qu’ils tentent de conjurer en mobilisant notamment les édiles locaux. Une culture de la précision, mais aussi du silence et de la tranquillité s’oppose alors frontalement à la culture manufacturière qui occupe les marges grandissantes de Toulouse. Les astronomes insistent donc régulièrement sur la singularité de leur espace savant, qui ne peut être assimilé à n’importe quel autre bâtiment. Une véritable dénivellation des sensibilités émerge, qui témoigne également des écarts sociaux qui s’exacerbent autour de l’observatoire. Territoire incertain de l’urbanité en mouvement, la zone périurbaine occupée par l’espace savant toulousain est également un lieu de flânerie et de promenade. Le silence et la tranquillité – indispensables aux observations – sont régulièrement troublés par une foule curieuse. Mais cet encastrement de la campagne et de la ville est également un lieu de relégation des classes prolétariennes. Les peurs bourgeoises et les lieux communs des nuits dangereuses sont alors réactivés avec force. 

La communication est donc l’occasion de montrer comment dans la dernière partie du 19e siècle, les astronomes ne se contentent pas de neutraliser les alentours de l’observatoire. Ils occupent l’espace disponible et colonisent ce lieu interstitiel qu’est le faubourg. Ils luttent pied à pied contre un environnement urbain jugé hostile et une distribution sociale redoutée. Cernés par une ville de plus en plus oppressante, les observateurs toulousains envisagent au début du 20e siècle un éloignement plus important encore – vers le Pic du Midi.

En 1978, je me rends pour la première fois à La Silla, le seul site de l’ESO au Chili. La dictature Pinochet y règne, et pour les huit pays européens membres du Conseil de l’ESO, que je rejoins en 1986 en pleine conception du VLT, la situation n’est pas simple. J’essaierai d’évoquer quelques uns de ces moments, et d’autres qui suivirent jusqu’à l’inauguration du VLT, en 1998. 

Je suis sociologue et historien au CNRS, et je travaille depuis deux ans sur l'histoire de l'astronomie sur le Mauna Kea à Hawai'i. Je propose de montrer comment l'histoire d'un objet a priori anecdotique - la route d'accès au sommet de la montagne, créée en 1964 - permet d'éclairer les enjeux de la construction et du fonctionnement des observatoires, et de comprendre les conflits autour de la place de l'astronomie.

Je reviendrai sur six années passées au CFHT à Hawai'i en tant qu'astronome résidente entre 2013 et 2019. Cette expérience fut particulièrement riche à vivre, d'un point de vue professionnel et personnel. Les interactions avec la communauté ont été diverses et contrastées. Lors des oppositions locales au projet du TMT entre 2014 et 2019, c'est l'activité de tous les observatoires du Maunakea qui a été impactée. Je vous donnerai quelques faits vécus en "locale", pour inciter à la discussion autour de ce site, avec ses particularités.

Contrairement aux observatoires astronomiques classiques, les observatoires de l’environnement spatial ionisé de notre planète comportent souvent des instrument dits actifs, c.-à-d. qui émettent une onde radio vers le milieu. Selon le type d’instruments (ionosonde, radar à diffusion cohérente ou incohérente), on peut déduire du faible signal de retour des paramètres  physiques du milieu comme la concentration en électrons libres et/ou les températures des électrons et des ions et/ou la vitesse des ions.

Côté face, ces observatoires, qui sont pour la plupart installées à haute latitude en zone aurorale, font délicieusement écho aux légendes qu’ont les peuples du Nord sur l’origine des aurores  polaires. De fait, en Europe, la culture fenno-scandinave est imprégnée de ce phénomène et une partie de leur économie en dépend. Il y a cependant quelques précautions d’usage à  prendre, par exemple au Svalbard où l’approvisionnement en électricité est compté et l’aéroport relativement proche.

Côté pile, quelques-uns de ces observatoires hébergent un "chauffeur" ionosphérique, un dispositif qui émet aussi une onde radio mais avec une fréquence bien spécifique et une forte puissance pour chauffer et modifier l’ionosphère artificiellement. Ces installations ont pu être décriées et font encore régulièrement l’objet de théories complotistes…

Dans cet exposé, je propose de revenir sur les premières années d’existence de l’Observatoire de Haute-Provence, en connexion avec la création de l’Institut d’Astrophysique de Paris. Sans entrer complètement dans le détail des circonstances historiques de cette innovation institutionnelle, je mettrai en relief différents aspects saillants, notamment la nécessité pour les fondateurs de l’établissement de penser l’insertion de celui-ci dans un environnement – qu’il transformera en retour. Tout le défi est d’ancrer un lieu de vie scientifique dans la durée et de le faire de telle sorte que l’astronomie moderne s’y développe dans les conditions jugées les plus optimales. Les fondateurs n’éprouvent aucune difficulté à justifier cette entreprise, car l’enjeu est rien de moins que relever les études astronomiques en France, jugées en déclin depuis la fin de la Première Guerre mondiale.