Une revue de la situation patrimoniale passée et présente du Pic du Midi et des projets.

L’Observatoire de la Côte d’Azur (OCA), centre de recherche en Science de la Planète et de l’Univers est détenteur d’un patrimoine matériel et bâtimentaire exceptionnel. Conscient de sa responsabilité à l’égard de son patrimoine matériel - architecture, instruments, archives - l’Observatoire de la Côte d’Azur s’est structuré afin d’assurer en son sein les missions d’inventaire, de conservation et de valorisation du patrimoine. Actuellement ses activités concernent essentiellement les deux sites astronomiques de l’établissement, le Mont-Gros à Nice et le plateau de Calern à Caussols. Si l’OCA mène des opérations d’inventaire, de conservation, de sauvegarde et, le cas échéant, de restauration sur les petits instruments et sur les archives scientifiques, il s’efforce aussi de collecter le patrimoine immatériel : savoir-faire techniques, mémoire de la science, interviews de chercheur, etc. Les connaissances produites concernant l’histoire de l’établissement et son patrimoine documentent les inventaires établis pour les archives et pour les instruments. Ces connaissances servent aussi de support à des publications scientifiques et grand public. L’Observatoire de la Côte d’Azur valorise son patrimoine au travers d’expositions – particulièrement l'espace Universarium -  et participe à diverses manifestations culturelles, avec des partenaires extérieurs ou avec les différents services de l’établissement impliqués dans la diffusion des connaissances.

 Lorsqu’il prend la direction de l’Observatoire de Paris en 1878, le contre-amiral Mouchez déplore que l’établissement n’ait gardé que des traces relativement récentes de son passé scientifique et presque pas de l’époque de sa fondation. Fort de ce constat, il multiplie les initiatives afin de créer au sein de l’Observatoire un musée : rechercher des financements, faire revenir les dépôts et prêts – cartes, globes et instruments, susciter auprès des observatoires de Province, comme on les désigne alors, les dépôts d’instruments obsolètes. Cela ne constituera malheureusement jamais un véritable musée. Plus d’un siècle plus tard, en 1991, un groupe d’astronomes également soucieux de la mémoire de leur discipline lancent une enquête sur le patrimoine des observatoires dépendant de l’INSU. En 1995 un protocole interministériel (Culture/Recherche) prolonge ce travail par la mise en œuvre d’un inventaire du patrimoine des observatoires. Cet inventaire sera suivi de plusieurs campagnes de protection des bâtiments, instruments et objets parachevées par des arrêtés d’inscription et de classement au titre des monuments historiques pour pratiquement tous les observatoires et une importante liste de lunettes, télescopes, instruments, horloges et instruments.

Mon propos ne cherchera pas à présenter l’exhaustivité de ces protections, ni leur diversité, mais plutôt la différence des mesures juridiques dont ils bénéficient qui peut conférer à cette patrimonialisation un caractère inégal et hétérogène.

L’ancien observatoire astronomique de Bordeaux, installé sur le site de Floirac depuis 1879 a vu partir le Laboratoire d’Astrophysique de Bordeaux en 2016 suite à une décision de la Direction de la recherche du MEN en 2006. Le site dévolu à l’université de Bordeaux a été vandalisé et se trouve quasi à l’abandon. L’association Sirius-Floirac assure depuis 2017 des visites Art et Science sponsorisées par Bordeaux-Métropole pour faire connaître l’histoire du site et une œuvre d’art de science fiction. Un groupe de réflexion envisage un projet d’étude biologique de forêt urbaine et des visites de scolaires en classes vertes. Mais à ce jour, il n’existe aucun projet d’entretien et de valorisation du patrimoine astronomique.

L'OSU Institut Pythéas porte les missions de conservation, inventaire et valorisation du patrimoine de l’astronomie en Provence. Suite à la fusion de l'Observatoire de Marseille et du Laboratoire d'Astronomie Spatiale en 2000 pour créer le Laboratoire d'Astrophysique de Marseille et au déménagement des équipes sur le site de Château-Gombert en 2008, la  question  du devenir des collections des deux sites d'origine a été soulevée… Après une longue période très compliquée qui a vu un grand éparpillement de pur stockage du fonds patrimonial, nous sommes en passe de rassembler l’ensemble du patrimoine instrumental de l’astronomie en Provence sur le site historique de l’Observatoire de Marseille. Au-delà de cette opération, nous n’avons pour l’heure aucune visibilité pour sur l’avenir de notre riche patrimoine. Aussi, sans lieu dédié à la présentation de ce patrimoine, nous tentons malgré tout de le valoriser à travers des expositions, de l’édition et des actions de communication.

We will describe the various instruments and telescopes operated at OHP since early 50’s and also the set photographic plates recorded since this time. Most of the largest telescopes on the OHP site are still in operation.

En 2007, le grand équatorial coudé de l'Observatoire de Lyon et son bâtiment ont été classés monuments historiques. Cet instrument est en effet le dernier de son genre en fonctionnement dans son état d'origine. Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche a alloué 230 k€ en 2009 pour sa restauration, somme que les personnels impliqués dans l'opération croyaient - dans leur grande naïveté - largement suffisante pour la mener à bien. Les travaux commencés en 2013, même s'ils ont pratiquement été menés à bien, ne sont toujours pas complètement terminés en 2021, et ont demandé à ce jour une dépense de 500k€.

L'objet de cette présentation est d'utiliser cette restauration comme cas d'école pour décrire les vicissitudes rencontrées lors d'un projet de cette ampleur.

Grand voyageur et passionné de sciences – notamment de géodésie, de géomagnétisme et d’astronomie, – Antoine d’Abbadie fit construire à Hendaye une bâtisse qui fut à la fois sa résidence et son lieu de travail : le Château Observatoire Abbadia. Au cours de sa vie, il acquit de nombreux ouvrages et revues scientifiques qu’il conserva dans la bibliothèque du château. De plus, avec les instruments dont il pourvut sa demeure et ses environs, des mesures astronomiques et géomagnétiques furent effectuées et les résultats consignés dans des cahiers d’observations. La plupart de ces documents sont toujours présents à Abbadia et dans un bon état de conservation général mais ils ne sont pas accessibles au public ; pire : ils n’étaient pas tous inventoriés. Nous avons mené ce travail d’inventaire et entrepris de sélectionner les ouvrages qui avaient un intérêt particulier. De plus, Antoine d’Abbadie a eu des échanges épistolaires aussi nombreux que variés avec des scientifiques de son temps. Cette riche correspondance, conservée aux Archives départementales de Bayonne, a, elle aussi, fait l’objet d’une sélection qui a été numérisée. Enfin, les instruments présents au château observatoire ont un intérêt patrimonial qu’il convient de valoriser. L’objectif final de ce travail de valorisation est triple : apporter un regard nouveau sur Antoine d’Abbadie et son fascinant château observatoire ; rendre accessible au public ce riche patrimoine ; proposer des activités et ressources pédagogiques pour l’enseignement et la médiation scientifique.

La société des sciences de Montpellier fait corps commun avec l'académie des sciences de Paris depuis 1705. La continuité de l'enseignement et de la recherche en astronomie depuis le 17e siècle a assuré la constitution et la préservation d'un patrimoine dont les 56 (bientôt 58) pièces classées MH vont de 1730 à 1980. Mais ce qui était au départ un patrimoine d'observatoires est devenu universitaire aujourd'hui le SPH (Service du Patrimoine Historique) de l'UM (Université de Montpellier) ce qui entraine des spécificités administratives pour son entretien et sa valorisation. Un action au niveau national (comme l'avait faite le Groupe du Patrimoine Astronomique) me semble plus qu'indiquée étant donnée la spécificité et la rareté de ce patrimoine.

L’observatoire de Besançon a été créé par décret en 1878 et son premier instrument, une lunette méridienne, est devenue opérationnel en 1885. Devenu l’OSU THETA en 2010, il a la particularité, devenue rare aujourd'hui, de se trouver au cœur du campus universitaire bisontin. Il conserve encore des bâtiments « historiques » abritant toujours cette lunette méridienne. Celle-ci est l’une des très rares en France à être restée parfaitement opérationnelle et dans son bâtiment d’origine, même si elle a cessé de fonctionner pour des observations astronomiques depuis les années 1980. L’ensemble des bâtiments historiques a été classé aux monuments historiques en 2007 et le bâtiment de la lunette méridienne a été restauré en 2013 par la ville de Besançon, toujours propriétaire des lieux. Par ailleurs la bibliothèque recèle de précieux ouvrages dont certains remontent au XVIème siècle mais ils sont à la fois insuffisamment protégés et insuffisamment exploités.

Ce patrimoine est actuellement mis en valeur principalement sous forme de visites régulières à destination de différents publics ou lors d’opérations plus ponctuelles (journées du patrimoine, nuit des étoiles…). La lunette méridienne elle-même a fait l’objet de mesures pour le projet RéSEED qui a numérisé un nuage de points pour des applications de réalité virtuelle. De même un système de visite par wifi sur le site même offre accès à des vidéos et du contenu sur l’histoire de l’observatoire. Différentes actions sont cependant envisagées à moyen terme pour développer la visibilité de ce patrimoine, en partenariat avec d’autres acteurs locaux, comme par exemple la numérisation des très vieux ouvrages et l'ouverture de l'astrographe pour des soirées d'observations publiques mensuelles.

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