Guillaume Chaverot, Emeline Bolmont et Martin Turbet
Il est intéressant d’étudier l’emballement de l’effet de serre de la vapeur d’eau [1-4] afin de mieux déterminer l’insolation seuil de cet effet catastrophique, et par conséquent le bord interne de la Zone Habitable (ZH). Certaines études [5-7] ont montré que le déclenchement de l’emballement de l’effet de serre peut être retardé en raison d'une augmentation de l’émission thermique (OLR = Outgoing Longwave Radiation) par l'ajout de gaz …
Guillaume Chaverot, Emeline Bolmont et Martin Turbet
Il est intéressant d’étudier l’emballement de l’effet de serre de la vapeur d’eau [1-4] afin de mieux déterminer l’insolation seuil de cet effet catastrophique, et par conséquent le bord interne de la Zone Habitable (ZH). Certaines études [5-7] ont montré que le déclenchement de l’emballement de l’effet de serre peut être retardé en raison d'une augmentation de l’émission thermique (OLR = Outgoing Longwave Radiation) par l'ajout de gaz radiativement inactifs (par exemple N2 ou O2, comme dans l'atmosphère terrestre). Pour ce type d'atmosphère, l’OLR peut "dépasser" la limite de Simpson-Nakajima [4], c'est-à-dire la limite asymptotique de l’OLR pour une atmosphère de vapeur d’eau pure. Cela a des conséquences directes sur la position du bord intérieur de la ZH [8-11] et donc sur la proximité de la Terre d'un emballement catastrophique de l'effet de serre. Le dépassement de l'OLR a été précédemment interprété comme une modification du profil atmosphérique dû au gaz secondaire [7,12]. Cependant, il n'y a toujours pas de consensus dans la littérature sur cette interprétation, et sur la question de savoir si un dépassement de l’OLR est réellement attendu ou non.
Le premier objectif de notre travail est de déterminer, par le biais de tests de sensibilité, les principaux processus physiques et les paramétrisations impliquées dans le calcul de l'OLR avec différents modèles radiatifs-convectifs 1D. En réalisant de multiples expériences de sensibilité, nous sommes en mesure d'expliquer l'origine des différences dans les résultats de la littérature pour une atmosphère H2O+N2 [13]. Nous avons montré que les processus physiques habituellement considérés comme des effets de second ordre sont en fait essentiels pour expliquer la forme de l'OLR (par exemple, les paramètres d’élargissement des raies absorption). Nous proposons également une courbe d’OLR de référence [13], réalisée avec un modèle 1D construit selon les résultats des tests de sensibilité, pour une atmosphère H2O+N2, afin de résoudre la question du dépassement potentiel de la limite de Simpson-Nakajima.
Ce travail peut, par conséquent, être utile pour guider les futures simulations 3D de GCMs. Nous montrerons dans ce contexte des résultats préliminaires calculés avec le modèle « Génerique » du LMD pour étudier comment ces effets se comportent dès lors que la dynamique atmosphérique 3D et la formation de nuages entrent en jeu.
References
[1] Komabayasi, M. 1967, Journal of the Meteorological Society of Japan. Ser. II
[2] Ingersoll, A. 1969
[3] Nakajima, S., Hayashi, Y.-Y., & Abe, Y. 1992, Journal of the Atmospheric Sciences
[4] Goldblatt, C. & Watson, A. J. 2012, Philosophical Transactions of the Royal Society A: Mathematical, Physical and Engineering Sciences
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[10] Ramirez, R. M. 2020, Monthly Notices of the Royal Astronomical Society
[11] Zhang, Y. & Yang, J. 2020, The Astrophysical Journal
[12] Pierrehumbert, R. T. 2010, Principles of planetary climate (Cambridge ; New York: Cambridge University Press)
[13] Chaverot et al. 2021, en préparation